Le 4 septembre 2008, par Gerard,
L’opération « Wald Fest », en allemand Aktion Wald Fest [1] a duré un peu plus de 3 mois, du 17 août (coup de filet du Jardin David/Lac de la Maix) au 22 novembre (libération de la vallée par la 100ème division d’infanterie américaine)
3 mois d’une impitoyable inquisition à l’actif des Einsatz Kommandos du Sipo/SD [2]. Une chasse à l’homme systématique et planifiée. Voulue et personnellement supervisée par Himmler (en "conférence" à Gérardmer les 5 et 6 septembre à cet effet, faisant suite au décret de Hitler du 2 septembre) et son RSHA [3]
Une traque policière sans répit et un effroyable bilan [4]
En témoignent parmi ses plus spectaculaires effets : l’anéantissement du GMA Vosges (exécutions et déportations consécutives de "l’affaire du 18 août" puis celles consécutives de "l’affaire de Viombois" (4 septembre), les 2 gigantesques déportations de masse du 24 septembre puis des 5 et 6 octobre dans la vallée du Rabodeau, l’abandon de l’opération Loyton [5]...
S’y ajoutent : infiltration des réseaux, arrestations et tortures, dénonciations, exécutions sommaires et massacres, fermes brûlées, villages incendiés, une trentaine de déportés supplémentaires... l’acharnement à traquer et systématiquement liquider les parachutistes Anglais... [6]... L’épouvante au quotidien [7]
Informations illustrant le propos ou complémentaires :
Quelques détails sur Erich Wenger [8]
Organisation de la Police de Sécurité SS en "région occupée". Ce qu’est un HSSPf (Commandant supérieur de la SS et de la Police). Cliquer
Hans (Joseph) Kieffer, personnage clé du SD Paris. Biographies : 1/ Au travers de ce livre de Sarah Helm sur Vera Atkins. Cliquer 2/ Portrait dans Wikipedia. Cliquer
Harold Cole, un traitre d’exception. Cliquer [9]
Le contexte de la répression et de la persécution en France pendant l’Occupation : Répression et Persécution en France 1940-1944, dossier de Thomas Fontaine publié en novembre 2007. Cliquer
Organisation de la répression en France. Thèse 2013 de Thomas Fontaine Déporter : politiques de déportation et répression en France occupée : 1940-1944. Cliquer
Données disponibles aux archives nationales du SHD. Cliquer
Le "recyclage" d’après guerre. Un combat se terminant un autre s’ouvrait, hors celui de "ré-humanisation" et de paix dans les pays "occidentaux", celui contre le bloc communiste. Pour faire court [10]
Un aperçu des condamnations de Erich Isselhorst et ses "équipiers" par les tribunaux d’après guerre. Sur forum Axis History. Cliquer
Biographies, compléments :
Willy Seeger. Photo-portraits. Cliquer . La 405ème division (1). Cliquer . La 405ème division (2). Cliquer
Erich von Kirchbach. Brève biographie. Cliquer
Carl Oberg, HSSPf France depuis le 5 mai 1942 [11]. Brève biographie dans Wikipedia. Cliquer . Photo de son arrestation en Autriche le 26 mai 1945 (source USHMM). Cliquer . Photos générales en France et lors de son procès de septembre au 9 octobre 1954 à Paris (source Getty Images). Cliquer )
...
[1] Pour en savoir plus sur l’organisation générale de l’opération Wald Fest : article L’Aktion Wald Fest. Pourquoi et Comment. Cliquer
[2] On peut considérer que son point de départ est "l’affaire du 18 août" :
Son compte-rendu succinct dans cette communication des Renseignements généraux d’Epinal. Cliquer
Les perspectives que laisse entrevoir cette note secrète du 25 août émanent du général von Kirchbach. Cliquer
Le développement de cette affaire dans page La réaction allemande. Cliquer
[3] Ce décret du 2 septembre décidait de tenir "à tout prix" le front Ouest : le glacis Ouest du massif des Vosges en l’occurrence, dernier bastion de protection alors encore jugé envisageable. La "conférence" de Himmler des 5 et 6 septembre à Gérardmer a eu pour but d’en définir la "feuille de route" à la fois du groupe d’armées G de la Werhrmacht (général Blaskowitz) et des 2 Bds Alsace-Bade (Isselhorst) et France (Knochen puis Suhr, sous le commandement de Carl Oberg)
[4] Bilan final de l’opération "Wald Fest" dans la vallée du Rabodeau : 943 citoyens de la vallée déportés : 661 ne rentreront pas (1 020 et 720 en comptant les "venus d’ailleurs"), 25 fusillés, capture de 40 parachutistes britanniques de l’Opération Loyton (39 seront exécutés)... les familles en ruines : 400 veuves, 750 orphelins... Plus de détails dans article dédié. Cliquer . Notons que pour les vallées Ouest du Donon - haute Vezouze, Plaine, Rabodeau, Hure - le bilan sera voisin de 1 400 arrestations et 1 200 morts
[5] Chasse à l’homme : le rapport "Ma captivité" du docteur René Meyer (le "capitaine Marc") en est un expressif témoignage "vécu" (voir document PDF de bas page). Merci à Oscar Gérard et Pierre Cérutti de me l’avoir confié
[6] Tout parachutiste allié capturé devra être considéré comme "terroriste", et donc traité comme tel. Ceci en application des directives de von Rundstett (21 juillet 42). Ordre confirmé par Hitler lui-même le 18 octobre 1942 (le fameux "Kommando Befehl", Commando Order en Anglais). Explications :
Explication générale sur Wikipedia
Le texte original
[7] Rappel : repliés de toute la France, les innombrables services de sécurité, de renseignement, de police, et leurs employés français, forment une concentration et une force de frappe considérables, du jamais vu jusque là ni ailleurs ni ici... opportunément affectée au "nettoyage" du seul dernier rempart que sont alors les vallées d’ici :
Abwehr, Sipo, Kripo, Gestapo, Einstatz et Jagds Kommandos du SD... leurs officines sont installées ou se renforcent partout, ici ou tout près d’ici : à Raon l’Etape, Belval, Senones, Plainfaing, Etival, Baccarat, Saales, Provenchères, Badonvillers, Celles et Raon sur Plaine, Allarmont, Vexaincourt... (L’organisation départementale et d’abord de Saint Dié du PPF, quelques uns des rares miliciens d’ici, des free-lance appointés sauront être d’opportuns "fournisseurs" et co-acteurs)
Le Lt colonel Wilhelm Schneider, adjoint d’Erich Isselhorst, coordonne l’opération Wald Fest depuis son bureau installé dans le camp de Schirmeck, à deux pas d’ici donc (Erich Isselhorst, rapide "biographie" dans Wikipedia. Cliquer)
Mi septembre, le général SS Karl Oberg, chef de toutes les polices de sécurité de France, et son BDS commandé par le Lt colonel Suhr (Knochen étant disgrâcié), installent jusqu’au 8 novembre leur quartier général à Fraize Plainfaing
Les troupes de la Wehrmacht du secteur commandées depuis Epinal par le général von Kirchbach (Erich) sont en partie affectées au maintien de l’ordre et à la "surveillance" des maquis vosgiens, la 405ème division "de Protection" du général Seeger (Willy) est tout spécialement chargée des "ratissages". Elles seront là partout où s’opèrent des rafles d’envergure, par exemple : von Kirchbach s’installera à Allarmont, hôtel de l’Arbre Vert, pour encadrer le coup de filet des 16 au 19 août 44 au Jardin David-Lac de la Maix contre le GMA Vosges
[8] Erich Otto Wenger :
Implantations de son Kdo dans notre secteur : QG initial à Baccarat (hôtel du Pont) du 20 août au 23 septembre 44, QG de repli à Etival-Clairefontaine (école du Vivier) du 25 septembre au 24 octobre (date à laquelle le siège du Kdo est évacué sur Colmar). 2 détachements opérationnels de circonstance : à Belval (château) les 24 et 25 septembre pour appuyer le Kdo Ernst dans la rafle-déportation du 24 septembre, à Senones (maison Larue) du 24 octobre au 21 novembre pour essayer de "finir le travail" avant la libération du secteur par les troupes alliées (elle aura lieu le 22 novembre)
Rapide biographie sur Wikipedia. Cliquer
Un après-guerre "brillant". Document CIA de 1963. Cliquer
Un autre document CIA. Cliquer
Le Kdo Wenger dans les 3 vallées de Vezouze, Plaine et Rabodeau. Site de Guillaume Maisse. Cliquer
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[9] Présent de fin août à début septembre dans le secteur de Pexonne (sous le nom de Powel, sources : investigations de Pierre Cérutti)... à Lutzehouse...
[10] A peine la guerre terminée, voire avant, nombre de membres du SD ont été "repeints" et embauchés tant par la CIA, par le gouvernement allemand, par celui d’autres pays. Le capitaine Erich Wenger, chef du Einsatz Kommando du même nom, chef des tortionnaires de l’école du Vivier à Etival, du sous Kommando installé à Senones... fait partie de ceux ci. Comme quoi le "professionnalisme" est universel, et le "sens du vent" déterminant. Illustration :
Site Foreing Affairs. Cliquer
Cette page d’archives, base CIA. Cliquer
Site Trend. Cliquer
Article du Spiegel, 17 septembre 1963. Cliquer
Eric Wenger, un après-guerre "brillant". Document CIA de 1963. Cliquer
Le "pendant-après" des cadres du Sipo/SD. Livre de Ulrich Herbert sur site Google books. Cliquer
Qui étaient ou sont devenus quelques uns des hommes-clés de la période nazie , nazis ou non, complices et collaborateurs :
Site Mémoire juive et Education. Cliquer
Site BS Encyclopedie. Cliquer