Le maquis que l’Histoire avait oublié
 

L’Opération Loyton

Le 3 février 2007, par Gerard,

Envisagé dès le mois de mai 44 dans le schéma de percée du massif des Vosges, ce qui s’appellera l’« Opération Loyton » a été décidé en juillet [1], s’appuyant tout aussi nécessairement sur la Résistance d’ici

La stratégie générale prévue repose sur une offensive-éclair imaginée par le général Patton (sa 3ème armée avance alors sur une ligne de front qui s’étire de Chaumont aux Ardennes, déployée face à la barrière du massif des Vosges). En résumé : casser le front allemand en perçant par le centre du massif et plonger droit sur le coeur de l’Alsace par la vallée de la Bruche [2]. Principales raisons :
- C’est le plus court chemin vers le Rhin. Et pour faire face, la Wehrmacht devra dégarnir ses forces situées au nord et au sud du massif
- Consécutivement, une poussée simultanée sera possible vers Strasbourg en perçant le massif par le Nord (la mission qui se réalisera autour de la 2ème DB de Leclerc)
- Consécutivement, sera soulagée la prévisible difficile poussée du 6ème groupe d’armées de Devers vers Mulhouse et Colmar (de Lattre et Patch enveloppant le massif par le Sud depuis la trouée de Belfort et Chaumont Langres)

Le piège repose sur l’effet de surprise, et implique de passer par où on ne s’y attend pas : les « petits » cols [3], du Donon, de Prayé, du Hantz, de Saales, du Las... pour converger sur la vallée de la Bruche. C’est pourquoi l’Opération Loyton a eu lieu, et ici


L’Opération Loyton est la plus vaste des opérations de la guerre menée par le 2éme SAS sur le territoire français [4]

Notons qu’une des opérations juxtaposées, chargée de préparer le passage nord du massif (secteur Saint Avold-Saverne), lui est directement attachée : l’Opération "Pistol" [5]. Dans les mêmes temps se déroulent au sud du massif les opérations "Hardy" et "Wallace". Ces 3 opérations simultanées, préparatoires du franchissement des Vosges, sont dirigées par le 2ème SAS...  [6]

Son extrême importance fait que des moyens exceptionnels sont mis en oeuvre [7] :
- Le Lt colonel Brian Franks [8], brillant et audacieux officier de 34 ans, le "patron" du 2ème SAS, vient la diriger en personne sur le terrain (voir document PDF ci dessous), et 102 hommes des Forces Spéciales Britanniques sont parachutés ici en 6 principales vagues plus 3 de matériels, échelonnées du 13 août au 28 septembre 44 [9] :
- 2 équipes du F Phantom (détachement du GHQ Liaison Regiment intégré à la SAS Brigade pour la reconnaissance et les transmissions) : captain John Hislop [10], lieutenant Peter Bowater Johnsen [11], sergeant Len Owens [12], sergeant Gerald Donovan Davis, signalman George Gourlay Johnston, signalman Peter Bannerman...
- Un "Jedburgh" du SOE [13], le "Jed Jacob" [14] : captain Victor Gough, capitaine "Baraud" (Maurice Boissarie), sergeant Seymour (radio)
- 92 officiers, sous-officiers et spécialistes du 2ème SAS [15]

La mission consiste à reconnaître, renseigner l’état-major et préparer le terrain, derrière les lignes ennemies en avant-garde de la 3ème armée US :
- Déstabiliser l’état-major de la Wehrmacht
- Harceler les positions stratégiques allemandes, détruire les convois de matériel et armement
- Coopérer avec les hommes du maquis, armer et équiper celui-ci, cibler parachutages et opérations

L’Opération Loyton commence dans la nuit du 12/13 août 1944 à Le Mont (Vosges). Lieudit La Prelle, nom de code Anatomie. Entre 1h 30 et 1h 45, 2 Stirling venant d’Angleterre larguent une avant-garde de 15 hommes [16] :
- Les avant-gardes du 2ème SAS, commandées par le captain Druce [17], assisté du captain de Lesseps (Français, alias Goodfellow) et du Lt Dill, complétée de 4 hommes (sergeants Hay et Lodge, Pcts Crossfield et Hall)
- Un détachement de transmission associé du F Phantom, commandé par le captain Hislop, complété du sergeant Davis et de 3 hommes (Pcts Johnson, Stanley, Sulivan)
- Le "Jed Jacob" du SOE, commandé par le captain Gough, et complété du capitaine "Baraud" (Maurice Boissarie, Français) et du sergeant Seymour (radio)
- Une imposante quantité d’armes et matériels [18]

Elle se continue par 8 autres parachutages centrés sur ici : 6 sur place + 2 "extérieurs" [19]
- Nuit du 31 août/1er septembre près de Veney (terrain "La Pédale", plus précisément lieudit L’Etoc) : le colonel Franks, le captain Whately-Smith, le captain Sykes (officier de renseignement), le Lt Marx (appelé "Karl")... environ 20 hommes du 2ème SAS, une deuxième équipe du F Phantom avec le lieutenant Johnsen, le sergeant Owens... le commandant FFI Derringer (BCRA, venu pour prendre le commandement du GMA Vosges), et des compléments de matériels
- Nuit du 6/7 septembre près de Veney (terrain "Le Pré Barbier") : le major Reynolds, le Lt Black... environ 12 hommes du 2ème SAS
- 3 septembre à Ban de Sapt-Gemainfaing et 6 septembre à Le Mont (terrain "Anatomie") : complément d’équipements et armement. Principalement destiné à l’équipement du 1er RCV FFI
- Nuit du 14/15 [20], nuit du 19/20 et nuit du 21/22 septembre dans Moussey même (plateau de "La Charbonnière") : la suite des effectifs (environ 30 hommes), le complément des matériels, et 6 jeeps spéciales équipées de mitrailleuses lourdes
- 28 septembre à Vieux Moulin (le Vieux pommier) : réapprovisionnement, parachutage d’armes et argent pour le Maquis d’ici (1er RCV FFI)


Prévue pour durer 2 semaines, l’Opération Loyton durera en fait 2 mois

En effet, l’offensive alliée ne pourra démarrer que 2 mois après la date prévue [21]. C’est la 100ème division d’infanterie de l’armée Patch qui libérera la vallée, le 22 novembre [22] [23]. Etouffant ainsi dans une nasse parachutistes anglais et maquis d’ici ! [24]

Dès la liquéfaction du GMA Vosges au lendemain de la catastrophe de Viombois (4 septembre), la totalité des forces du 2ème SAS sont venues se regrouper autour de leur base opérationnelle de Moussey. Soutenues par les groupes locaux du 1er RCV FFI ("centurie de Moussey", Génie forestier, groupe Mallens, bataillon Morel... ). Les habitants de Moussey et des hameaux contigus assurant abri, ravitaillement et guidage [25]

Notes :

[1] Notons ici, en appui de pièces d’archives et du rapport Barkworth/Missing Parachutists, l’utilité des "journaux de bord" personnels des hommes de Loyton dans la compréhension du contexte, des stratégies employées, la précision des faits et le nettoyage des "légendes". Un immense merci à ceux qui ont contribué au difficile "déterrage" de pièces enfouies dans les "secret défense" et autres "chapes de plomb", utiles à crédibiliser témoignages oraux et intuitions

L’Opération Loyton est une page de la Libération longtemps maltraitée et sortie de son contexte :
- Les documents des archives britanniques sont maintenant pour leur essentiel déterrés : interconnexions entre le SHAEF, la brigade SAS, le Maquis... rapports individuels, notes personnelles, échanges radio... Ceux des archives françaises et allemandes aussi. Ils ne sont volontairement pas publiés sur ce site, un "Journal de Marche", particulièrement précis et complet en est publié séparément : depuis septembre 2022 dans sa version en Français, depuis août 2023 dans sa version en Anglais
- Ils découvrent, pour la première fois publiquement, quel avait été le plan général d’action mis au point pour assurer le succès de la libération du quart Nord-Est de la France et de l’invasion consécutive du territoire allemand par son Ouest/Sud-Ouest "dans la foulée". L’Opération Loyton, dont sa direction et coordination sur le terrain avec les opérations SAS conjointes Hardy, Ruppert... Pistol... Wallace... confiées à un unique "patron", le patron du 2ème SAS Brian Franks, en occupe une place tout à fait centrale. Les "accidents de parcours" n’ont pas permis de tenir le planning, l’insuccès pendant plusieurs semaines de Montgomery dans la libération des ports belges et hollandais (promise et planifiée pour ne pas excéder 8 jours) en est une origine majeure... il empêche le crucial approvisionnement des ressources en carburants, matériels... et paralyse l’avancée de toute la ligne de front...

Une somme irréalisée-irréalisable jusqu’ici
- Edition en Français
- Edition en Anglais =AZVCSLKMZo4xWJbwt73j8w3KEVSvc4s7s6EtS-Pqnx1W3gR6P885JK7moMqGtCqfX-rMjpTaPsTlVwjOCeSSbhaJ-EJBv258S80OZTRsUznNUuAx2GbuQEYHkFnAqrH2Ha8t9oN2tkm9ZdFfaJFwnpESkPrv0fYh4FvJYjusbvK0bA&__tn__=%2CO%2CP-R]
- Adresse de commande ou réservation : celle de l’auteur

Elle est une pièce principale du dispositif conçu par l’état-major allié dès après le débarquement de Normandie pour préparer et sécuriser l’offensive vers l’Alsace, le Rhin... et l’Allemagne. Au vu de la rapidité de progression vers l’Est de la 3ème armée US, cette offensive fut considérée comme pouvant être réalisée à la mi-septembre. Après nombre de simulations, l’opération spécifique de franchissement du massif en son centre est définitivement agréée par le SHAEF en juillet, elle sera consécutivement l’acte de décision de l’Opération Loyton. Celle-ci étant le nécessaire préalable de "reconnaissance-renseignement-préparation du terrain", à effectuer derrière les lignes ennemies [[Message préalable de mise en place reçu de Londres le 6 août : "Veuillez nous indiquer terrain Homo (NDLR : aire de largage et sécurités de réception appropriées) dans région terrain Anatomie, en vue recevoir 10 hommes en uniforme et environ 40 containers. Terrain doit remplir toutes conditions de sécurité. Réponse urgente". A noter que cette drop-zone, parmi d’autres locales, avait été reconnue dès 1943 par Lucien Simonnot et Marcel Dubois de Moussey et Le Saulcy

[2] Un autre objectif de l’Opération Loyton était d’élargir la mission jusqu’à rejoindre l’opération Wallace (Cliquer ) et opérer dans le secteur de Belfort, sous la coordination du captain Druce

[3] A l’instar des traversées des Alpes de Hannibal ou Bonaparte...

[4] Une documentation particulièrement utile sur ses hommes figure dans le recueil The SAS and LRDG. Roll of Honour. 1941-1947

Un ouvrage exceptionnel résultant de la volonté de transmettre l’histoire de ce corps très particulier des Forces Spéciales britanniques au travers des hommes qui ont bâti sa légende, ici de ceux qui y sont "morts en service commandé" (374). Une façon de leur rendre hommage, une occasion de faire table rase des imprécisions, détournements et falsifications "commercialisés" jusqu’ici

Ecrit par un homme du "métier" (vétéran du SAS), servi dans une présentation particulièrement soignée, 800 pages, 374 biographies :
- Sa présentation sur site dédié. Cliquer
- Un article du Telegraph. Cliquer
- Sa page Facebook. Cliquer

A noter que la totalité des bénéfices de sa vente seront utilisés, pour une part à rembourser les emprunts engagés pour la réalisation technique, pour une part à édifier les stèles ou monuments non édifiés jusqu’ici faute de moyens, le reste sera versé à des oeuvres de soutien aux vétérans. Merci de prendre cet aspect en compte aussi

[5] L’histoire de l’Opération Pistol :
- Histoire générale. Sur site Wikipedia. Cliquer
- Documents The National Archives UK. Cliquer

Le lieutenant Castellain, chef du groupe B2, est mort de ses blessures le 12 octobre après avoir rejoint Loyton, il est enterré au cimetière de Moussey, "Tombes des Anglais". Brève biographie du Lt Castellain. Cliquer

[6] Les circonstances et la stratégie ont amené à retarder cette offensive de franchissement (glissement Nord-Est de la 3ème armée US, temps de mise en place de la 7ème). Les percées Nord vers Strasbourg et Centre par la vallée de la Bruche ne seront en fait réalisées que... fin novembre, l’une par la 2ème DB et les troupes US, l’autre par les 100ème, 3ème, 103ème DI US. Ceci expliquant le poids du "prix payé". La percée Sud, menée principalement par l’armée de Lattre, prendra pour nombre de raisons beaucoup plus de temps

[7] L’Opération Loyton et sa contre-offensive allemande l’Action Wald Fest : détails dans extraits du rapport "Missing Parachutists" (major Barkworth 2ème SAS). Cliquer

[8] Lt colonel Brian Morton Franks :
- Rapide biographie. Cliquer
- La "pointure" de l’homme et du soldat en a fait un des personnages clé des actions spéciales, pendant et après la 2ème guerre mondiale. Une illustration parmi d’autres dans ce livre de Tim Jones. Cliquer
- Brève biographie sur Wikipedia. Cliquer

[9] Sources précisant la composition des effectifs parachutés : témoignages d’époque et de vétérans, archives officielles, ouvrages traitant le sujet... et résultats de ses propres recherches aimablement communiqués par Wesley Richards (voir documents PDF de bas de page)

[10] Captain John Hislop. Chef du groupe F Phantom de l’Opération Loyton, parachuté le 13 août 44 à la "Côte du Mont"
- Brève biographie. Cliquer
- Son livre Anything but a Soldier. Cliquer

[11] Le Lt Peter Johnsen, parachuté à Veney le 1er sept 44, commandait la deuxième équipe du F Phantom. Voir le résumé de sa biographie dans cet article du Telegraph. Cliquer

[12] Len Owens, une place particulière, tour d’horizon. Cliquer

[13] En savoir plus sur les Jedburgh supports du 12ème Groupe d’armées, Nord-Est de la France août 44 (pour le "Team Jacob", allez à Contents au début de l’article ou allez directement page 20). Cliquer

[14] Ce Jed, parachuté sur "Anatomie" nuit du 12/13 août 1944 aux côtés de l’équipe SAS-Phantom, fut cruellement marqué par le destin : son unique poste de radio fut démoli en touchant le sol, son sergeant radio (Seymour) se brisa la cheville en touchant le sol et ne put se déplacer que porté sur un brancard de fortune, il fut capturé le 17 dans un encerclement allemand (affaire du 18 août), son numéro 2 (capitaine Boissarie) fut tué au combat quelques jours plus tard (bataille de Viombois, 4 septembre) dans une attaque contre le maquis GMA Vosges qu’il avait pour mission d’instruire, son chef (captain Gough) se retrouva ainsi seul et sans moyens sauf sa personne face à sa mission générale et son appui au colonel Marlier (1er RCVFFI), l’équipe SAS, en situation elle-même difficile, n’ayant pu que partiellement lui servir de transmetteur... il fut capturé en mission le 30 septembre, torturé à Saales puis enfermé à Schirmeck... et exécuté par le SD le 25 novembre à Gaggenau-Rotenfels
- La tuerie du 25 novembre à Gaggenau. Cliquer
- Rapide résumé du tragique périple du Jed Jacob au travers de ce document mis en ligne par la BBC. Cliquer
- Retour sur le contexte de la période (voir également pages connexes). Cliquer

[15] Le cas très particulier du pilote de la RAF Lew Fiddick, nommé membre honoraire du SAS. Cliquer

[16] Réception, logistique, accompagnement... sont assurés par 150 hommes de la résistance d’ici. Le même principe sera reconduit dans tous les parachutages, sauf pour celui du 10 septembre à Réchicourt le Château (stick Rousseau)

[17] Captain (puis major) Henry Carey Druce : l’organisateur terrain, omniprésent et audacieux, débrouillard et servi par une chance insolente (nom de guerre : Drake, autres noms phonétiquement orthographiés et prononcés : Dreks, Dreaks et autres variantes). Brève biographie :
- Dans The Telegraph. Cliquer
- Dans The Globe and the Mail (Canada). Cliquer

[18] Notons ce discret parachutage complémentaire de réapprovisionnement de la nuit du 5/6 septembre au sud de Pierre Percée (saisissante aventure à laquelle participèrent l’équipe de Pierre Cérutti et le voiturier Stéquaire... )

[19] 2 autres groupes viendront encore renforcer l’opération :
- L’un de 10 hommes, parachuté dans la nuit du 27/28 août près de Charmes. C’est un team du 2ème SAS comprenant le major Peter Le Poer (alias Power, il est le "patron" du squadron A) et le captain James Alastair McGregor ("captain Beverley" : sa biographie en bref. Cliquer ). Notons que le major Power, parachuté à près de 40 km "trop loin", ne pourra rejoindre le QG de Moussey que le 18 septembre, avec 4 hommes, et que le le captain McGregor restera avec 4 hommes pour opérer sur une ligne Saint Dié-Lunéville, avant de rejoindre les lignes américaines le 8 octobre. Notons que fut parachuté près de là (forêt de Charmes) et dans les mêmes temps (26 août) le "Jed Archibald". A sa tête le major Denning. C’est là qu’il rencontra "Planète" (colonel Granval, chef de la Région C), pour lui apporter 35 millions de francs et obtenir les renseignements nécessaires à son action (il n’obtint que d’inutiles généralités !). Il prit donc l’initiative d’organiser la résistance locale pour préparer le terrain aux troupes de Patton entre Bayon et Charmes. Ce qui fut un succès, malgré de sévères difficultés et pertes. (En savoir plus sur les Jedburgh supports du 12ème Groupe d’armées, Nord-Est de la France août 44 (pour le "Team Archibald", aller à Contents au début de l’article ou allez directement page 47. Cliquer )
- L’autre de 10 hommes aussi, composé de Canadiens et Français et d’autres hommes du SAS dont un natif Allemand"empruntés" à d’autres régiments de la brigade. Il est commandé par le lieutenant canadien Joseph Maurice Rousseau du 2ème SAS. Parachuté dans la nuit du 9 au 10 septembre à Réchicourt le Château (près de Sarrebourg), sa mission est de désorganiser les voies de communication allemandes vers le front de Lunéville et le renseignement. Elle fut écourtée de fait en raison des conditions d’opération extrêmes consécutives de la proximité de la ligne de front. Le Lt Rousseau sera tué au combat et ses hommes devront prématurément se retirer vers les lignes américaines. Un regrettable gâchis au regard des remarquables succès remportés jusque là grâce à l’exceptionnelle valeur du Lt Rousseau et au comportement de ses hommes...

Souvenons nous de ces Canadiens, nos "frères d’outre Atlantique", qui ont pris une large part, et avec coeur, dans la lutte pour redonner sa liberté à notre pays et à l’Europe. Illustration au travers de ces 3 articles sur l’histoire de ces 2 hommes exemplaires qu’étaient les frères Maurice et Philippe Rousseau :
- 1/ Monographie de Pierre Lagacé. Cliquez
- 2/ Article de Philippe Rousseau, descendant de la famille, sur son site personnel (notons quelques erreurs et imprécisions : le cpl Galmard n’est pas mort mais a été sauvé par les habitants, le Lt Rousseau est mort le 17... ). Cliquer
- 3/ Dossier "Loyton, the Northern Party". Aboutissement d’une enquête impressionnante de précision menée par Philippe "GET", maintenant rendue publique. Cliquer

[20] Complété, nuits du 15/16 et du 28/29 , par 2 parachutages "furtifs" de réapprovisionnement sur les hauteurs de Moussey (Rain de la Vierge)

[21] Patton n’était pas là, personne d’autre non plus. La stratégie alliée dut en effet "s’adapter aux réalités du terrain". Un aperçu de celles-ci au travers de 3 livres (site US Army. Center of Military History) :
- Breakout and Pursuit (Martin Blumenson) : du débarquement de Normandie à la ligne Siegfried. Cliquer
- Riviera to the Rhine (Jeffrey J. Clarke, Robert Ross Smith) : du débarquement de Provence aux rives du Rhin. Cliquer
- The Lorraine Campaign (Hugh M. Cole) : le "détournement" stratégique de la 3ème armée de Patton vers le Nord de la Lorraine. Cliquer

[22] De la Meurthe à la Bruche. La libération de notre secteur par la 100ème division US, la Century. Sur base des archives américaines. Cliquer

[23] Carte montrant la chronologie de la Libération du département des Vosges sur le site de l’Académie de Nancy-Metz. Cliquer

[24] La réussite de l’opération impliquait que l’offensive américaine soit menée dans le très court moment où les premières troupes du maquis d’ici, aidées des SAS, étaient prêtes à opérer... et où les Allemands n’y « croyaient pas assez » pour réagir !

Mais voilà (quelles parts ont pris les réalités du terrain, les "visions" des hommes, les contraintes et contradictions de tous et des stratèges des états-majors du SHAEF ?... ), il fut fait autrement... et 2 mois plus tard ! 2 mois après les derniers parachutages de septembre, tout en laissant croire chaque jour que « c’était pour le lendemain »... Ce qui transforma l’Opération Loyton en un terrible carnage, inscrivant la vallée du Rabodeau dans le "Guiness Book" des factures payées par la Résistance et les pertes de Loyton dans celui des factures payées par la brigade SAS


Ce retard laisse en effet SAS et maquis suicidairement exposés... Et voici ce qui s’est passé en lieu et place de l’offensive éclair programmée et de la libération des Vosges (ceci prouvant par ailleurs l’excellence des services de renseignement allemands et la réactivité de son état-major) :

D’une part, la systématique et implacable chasse à l’homme menée par les Einsatz Kommandos du SD appuyés par la Wehrmacht :

- La traque acharnée contre les parachutistes anglais (voir document PDF "Secret Hunters"). Pour les 92 hommes du 2ème SAS parachutés ici : 2 tués en combat, 29 capturés tous exécutés. Pour les 3 hommes du SOE Jed Jacob : 1 tué à Viombois, 2 capturés dont 1 exécuté et 1 gardé prisonnier. Pour le squadron du F Phantom : 3 capturés tous exécutés... S’y ajoutent pour le SOE : la capture et l’exécution de nombre des femmes parachutées en avant-garde pour le "renseignement", dont les 4 exécutées au Struthof le 6 juillet 44. Pour le team SAS parachuté en appui à Réchicourt le Château : la capture et l’exécution du lieutenant Rousseau, le retrait vers les lignes américaines...

- La chasse aux "terroristen" et l’écrasement du maquis et des populations civiles de la vallée du Rabodeau, au marteau pilon : la rafle du 24 septembre et ses déportations (144 hommes de Moussey plus environ 40 de ses "clandestins" et 309 des autres villages du haut de la vallée), la rafle-déportation des 5 et 6 octobre (392 hommes de Vieux-Moulin et Senones), plus de 25 fusillés sur place...

Ces 2 gigantesques rafles n’étant que la partie la plus spectaculaire. Il y a en effet aussi la longue liste des précédentes et suivantes opérations d’élimination de l’Aktion "Wald Fest" :
- La prise au piège du 17 août au Jardin David/Lac de la Maix. Désastreuse pour le GMA Vosges : la 2ème centurie démolie, une douzaine d’hommes blessés, tués, capturés (dont 4 parachutistes anglais)...
- La chasse à l’homme directement consécutive et la capture de plus d’une centaine d’hommes au total : déportation du 18 août (88 hommes), exécutions d’Allarmont (10 hommes fusillés sur les 14 capturés), exécution ou déportation dans les jours suivants d’une dizaine d’autres hommes de la vallée de la Plaine, 3 des 4 parachutistes anglais capturés fusillés...
- L’hécatombe causée par "l’affaire de la bataille de Viombois" (4 septembre) : 57 hommes tués pendant l’assaut, à sa suite des dizaines d’exécutions sur place, des dizaines de déportations dans les vallées de la Plaine et de la Vezouze (principalement depuis Badonviller)... et le sabordage du GMA Vosges !
- Les destructions, exécutions et déportations dans le voisinage : Etival, Saint Rémy, Raon l’Etape...
- Le démantèlement, fin octobre, du réseau des Eaux et Forêts de l’arrondissement de Saint Dié (cf. massacre du 22 octobre à St Prayel)
- Les répercussions plus ou moins directes un peu plus loin : destructions et déportations à Charmes, Rehaincourt, Saulxures sur Moselotte... encerclement, reddition et déportation des hommes du maquis de Grandrupt... destruction des villes et villages de la région Saint Dié-Gérardmer... réquisitions de masse de novembre pour travail forcé
- ...
- L’abandon définitif de l’Opération Loyton : début octobre, devant l’inutilité flagrante de poursuivre et le gaspillage du courage et des vies humaines, le colonel Franks décide de faire rejoindre à ses rescapés les lignes alliées (alors "stationnées" rive gauche de la Meurthe). L’exfiltration durera jusqu’à la fin du mois, sera cauchemardesque et lourde en vies encore perdues

D’autre part, la volte-face des troupes allemandes en retraite décidée le 2 septembre (décret de Hitler) est mise en pratique dès le 3 pour bloquer les Alliés contre le massif des Vosges et établir un réseau de fortifications sur son flanc Ouest (Himmler à Strasbourg à cet effet, puis à Gérardmer les 5 et 6) :

L’état-major allemand met à profit ces 2 mois de répit pour renforcer ses positions. Et peut opposer 200 000 hommes au moment de la "vraie" offensive alliée :
- Ceux de la 19ème armée qui a eu le temps de panser ses plaies des combats de la vallée du Rhône
- Ceux des 1ère armée, 5ème division blindée... venues en renfort
- ...

Le blocage de l’avancée alliée... le long et sanglant piétinement de la bataille de la "poche de Colmar"... le sursis offert aux ravages du Sipo/SD dans les territoires encore occupés sont les autres conséquences de ce fameux retard

Ce fut donc une bataille perdue et une hécatombe humaine. Tout ceci n’autorise toutefois pas à occulter l’indiscutable courage et conviction des hommes impliqués... ni à rejeter en bloc toutes les décisions prises. La seule vraie cause est que les troupes alliées sont arrivées sur place 2 mois plus tard que la date fixée

Parmi ses aspects stratégiquement positifs on ne peut nier que l’état-major allemand "y a cru" pour une large part pendant, et aussi après :
- Pendant : il a du sensiblement "dégarnir" ses fronts Nord et Sud du massif, puiser dans ses forces (déjà insuffisantes) du front de l’Est, amener plusieurs milliers de Hitlerjugend et Volksturm pour construire des fortifications...
- Après : restant convaincu d’une tôt ou tard relance de cette "percée par la vallée de la Bruche" par les troupes alliées, il a du maintenir les forces nécessaires à les "accueillir". Ceci l’amenant malgré lui à soulager un tant soi peu l’avancée de Patch et de Lattre dans les Vosges du Sud et a laisser du champ libre à ce que fut la percée de Leclerc sur Strasbourg
- Il aura aussi consécutivement de moins en moins puis plus du tout les moyens de se retrancher à sa guise sur le versant Ouest du massif des Vosges

La petite goutte d’eau de l’Opération Loyton ?...

Ceci n’a certes pas ressuscité les morts d’ici mais a permis à d’autres hommes d’ailleurs de rester vivants

[25] Durant toute l’opération et principalement pendant les terribles dernières semaines, ces hommes ont "habité" ici, soutenus par les gens d’ici : principalement de Moussey et du hameau contigu du Harcholet. La plupart ont été hébergés, guidés, nourris, soignés, protégés par les familles d’ici (elles ont "osé" le faire !)

Leur "garnison" était à la Basse de Lieumont (abris forestiers). Des bases plus ou moins temporaires d’hébergement, de ravitaillement, de commandement, étaient dans les maisons Dony, Gander, Loevenguth, Fays, Georges (le "Piton"), Diéda, Toussaint et Nartz (La Petite Raon), Launay/ferme des Grandes Gouttes, Pierrat/ferme Ferry , Jean-Baptiste Huin... dans la maison forestière de Coichot (Lequeux fils), la maison forestière des Chavons (Georges Evrard puis sa femme), la scierie Rielle (famille Ruffenach)...

Ces hommes étranges, venus d’une "autre planète" mais si entreprenants, si courageux, très jeunes et porteurs d’un immense espoir, sont vite devenus des « enfants d’ici »

 

Galerie d'images

Opération Loyton F Phantom. Opération Loyton Officiers du SAS Opération Loyton Eglise de Moussey. Le fanion du 2ème SAS A droite : le Lt canadien Maurice Rousseau, 2ème SAS (à côté de son frère (...) Lt colonel Brian Franks L'Opération Loyton. 13 août à fin octobre 44 Arrêt de l'avance alliée. Totalement non prévu dans plans La Libération effective d'ici Captain John Hislop, patron du team F Phantom de l'Opération Loyton Captain (Martin) Robert de Lesseps
 

Documents joints à l'article

35 ans après
PDF | 528.7 ko | document publié le 13 mai 2007
Commémoration avec le 21ème SAS. Présence du colonel Franks
Opération Loyton
PDF | 599.5 ko | document publié le 6 octobre 2008
Court résumé. Extrait du rapport "Missing Parachutists" du 14 novembre 1945
66 ans après
PDF | 286 ko | document publié le 23 juillet 2010
Hommage du 13ème Dragons Parachutistes et de la Nouba du 1er Tirailleurs
Opération Loyton
PDF | 2.8 Mo | document publié le 15 octobre 2010
Lieux des parachutages et Noms des hommes
Opération Loyton
PDF | 533.2 ko | document publié le 5 mai 2012
Repères chronologiques
22 octobre 1944. Massacre de Saint Prayel Ravines
Windows Media | 3.4 Mo | document publié le 14 novembre 2012
Scierie de Barodet octobre 2012. Le God Save the Queen
A la recherche des parachutistes de Loyton disparus
PDF | 2.3 Mo | document publié le 21 février 2014
Les 2 films documentaires : "Secret Hunters" et "Nazis Hunters"
Opération Loyton. Résumé chronologique succint
PDF | 36.9 ko | document publié le 16 août 2022
Transcription intégrale de l’original manuscrit

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4 - Bilan humain. La vallée aux 1000 déportés
5 - Les SAS ici
- L’Opération Loyton
- La Mémoire
- Le prix payé
- Témoignages des hommes
6 - In memoriam
- Commémoration des 3 Déportations de 44
- Hommage à la Résistance d’ici, gens du Rabodeau et parachutistes Anglais
- Lieux de Massacres et d’Exécutions sommaires
- Moussey Le Mont 6 juin 2010. Le 13ème Dragons saute sur "Anatomie"
7 - Notes
- Notes
- Voir aussi
- Chants et Poèmes de la Résistance
- Découvrir la vallée du Rabodeau
8 - Brochure-Résumé
9 - Explications. Réflexions
4.Liens
5.Témoignages
La vérité remise à sa place. 13 publications significatives
Le film documentaire "Nazis Hunters. Justice SAS Style"
Les Résistances. Témoignages filmés
Les Résistances. La Désobéissance est le plus sage des Devoirs
Témoignages. Faits et hommes d’ici
Témoignages. Faits et hommes dans les camps
6.Ecrits de rescapés
1 - Marius Schmit
2 - Roger Leboube. Collectif de 8 rescapés
3 - Marcel André
4 - Aimé Vigneron
5 - Marcel Dolmaire alias Marcel Dejean
6 - Jean Vinot
7 - Abbé Paul Parguel. Prêtre résistant déporté
8 - MD. Réflexions sur ce qu’auraient pu être...
9 - Albert Fäh. L’odyssée des maquisards de Grandrupt
BP - Docteur Bernard Py
LR - Louis Receveur. Déporté à Dachau
7.Le dernier mot
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