Le maquis que l’Histoire avait oublié
 

Pourquoi ce site

Le 23 juin 2021, par Gerard,

Retour sur ce "Pourquoi", publié le 19 janvier 2007


Les gens d’ici ont refusé de vivre à genoux. Simplement. Naturellement... parce qu’ils étaient appris comme ça ici par la force des choses [1]. Des gens simples, mais fiers et libres

Le prix qu’ils ont payé cela fut immense... Ils l’ont pourtant accepté comme normal dans leur sens des choses. Et ils n’en parlaient jamais  [2]


Il fallait bien un jour le dire aux ignorants et réveiller les oublieux [3]. Pour rappeler ce sursaut d’hommes libres, leur solidité morale et leur loyauté [4]. Ce n’était pas si simple de résister au diable [5]... et combien n’ont pas essayé. Aussi, pour qu’on sache bien ce qu’est la Liberté et le prix qu’il en coûte quand on a oublié de le savoir [6]

C’était il y a longtemps, et un autre temps. Mais c’est pourtant encore comme ça aujourd’hui ailleurs !... La leçon mérite donc de rester écrite au tableau [7]


Ce site n’est pas un recueil de potins, ni un Paris Match de l’époque, un Gala de ses gloires... Encore moins une, une de plus, "couverture tirée à soi"... Ceci a déjà été fait [8]

Il découvre une histoire vraie, une histoire d’hommes, abandonnée dans le silence de ceux qui l’ont faite et aujourd’hui plus là pour la dire [9] : celle de citoyens ordinaires refusant de vivre couchés

Il est un cri du coeur qui rappelle à sa façon ce qu’a été le cadre de la vie des gens de Moussey et de la vallée du Rabodeau, mis sur la frontière du Reich pendant ces 5 années de guerre [10]. Ils étaient nos parents et grands parents. Pour au travers de cela :

Mesurer et comprendre leur "tous les jours". Ce qu’ils ont du faire pour refuser, ce qu’ils ont su faire pour fabriquer de l’espoir, ce qu’ils ont risqué et payé en faisant ce qu’ils ont fait [11]. Mieux comprendre aussi cette étrange marque que nous leurs enfants portons [12]

Nous rappeler que rien n’eut été possible sans ces "petites gens" de l’ombre : ouvriers ou directeurs, bûcherons ou curés, élus ou secrétaires de mairie, instituteurs ou cultivateurs, gardes des Eaux et Forêts, braconniers ou gendarmes... Ils ont accueilli, caché, hébergé, renseigné, fourni des faux papiers, guidé, transporté... tous les jours et pendant les 53 mois de l’Occupation... De bon coeur et avec foi, sans faire de bruit. Est-ce pour cela qu’ils ont été ignorés de la reconnaissance d’après... et même de l’Histoire ? [13]. C’est bien dommage qu’ils soient restés dans l’ombre ou inconnus. Mais après tout ne leur reprochons pas à eux d’avoir si peu ou pas du tout raconté leur histoire, remercions les plutôt d’avoir fait l’Histoire et de nous avoir redonné le droit de parler et faire en liberté

Remettre à sa place à cette occasion la vallée du Rabodeau [14] et ses voisines immédiates dans le contexte de la guerre et de la Résistance [15]... Rappeler que ce qui s’est passé ici ne doit rien au hasard... "Nettoyer" le peu d’histoire d’ici officialisée jusque là, aussi [16]

Cette histoire, notre histoire, est aussi celle de ces 102 hommes des Forces spéciales britanniques parachutés chez nous pour l’Opération Loyton. Ils ont vécu et se sont battus ici du 13 août à mi octobre 44 avec nos parents, ont été traqués et exterminés comme eux, et 39 y ont laissé leur vie [17]

Saluer donc ces hommes et femmes pour ce qu’ils ont osé et su faire. Ils étaient d’ici, d’autres étaient venus d’ailleurs. Certains croyaient au Ciel et d’autres pas, tous croyaient à la vie. Ils ne se croyaient pas des héros, ils nous reprocheraient de le croire, ils n’étaient que des gens ordinaires [18]

Leur dire merci de cet héritage de foi en la vie qu’ils nous ont laissé... Comprendre et retenir ce que portent ces mots qu’ils nous disaient quand "on étaient petits", avant qu’on appelle ça "La Résistance" : "mais, mo p’tiot, on n’a fait qu’ not’ devoir" ... Retenir la leçon [19]

Leur quotidien ça a été ça, leur Champ d’Honneur à eux : "... ce refus de capituler est à peu près la seule dignité à laquelle (l’homme) peut prétendre" (Romain Gary, Compagnon de la Libération) [20]

Merci de l’attention que vous y porterez [21]

Gérard Villemin

A mon père, Lucien, Moussey 24 septembre 44, Dachau 114 389, Mühldorf 28 mars 45, et à tous ceux qui ont fait quelque chose. A Armand et Yvonne et à tous ceux qui ont décidé de repartir avec tout ça sur le dos. A tous ceux auxquels leur père a manqué

A mes enfants et tous les enfants pour qu’ils sachent, et construisent le monde autrement [22]


Merci à tous ceux qui m’ont les yeux dans les yeux dit leur vécu, c’est d’une mémoire directe qu’il s’agit d’abord ici. De l’histoire sortie des âmes et des tripes, confession et testament

Ce qu’ont vécu ces hommes et ces femmes m’a gardé la force de sortir de l’ombre leur histoire... qui est la nôtre et l’Histoire tout court. Ils m’ont demandé à leur façon de ne pas les juger, simplement de les laisser ce qu’ils étaient . J’ai juré de ne jamais les trahir, ni faire commerce de leur vie. Je souhaite que celle-ci nous "serve de leçon" et nous aide à construire notre monde "autrement" [23]. Ils s’appellent Roger Leboube, Marius Schmit, Marcel Dolmaire, Bernard Py, "Riri" Poirson, les Launay des Grandes Gouttes... Robert Wantz, Georges Goeury, Madeleine Courrier-Georges, Michel Fresse, Jean Claudel, Jean Muller, Paul et Lucette Maltempi, John Borel... René Farine, Ernest, Bertha et Aimé Vigneron, André Marchal, les familles Maurice et L’Hote, Jean Hulbach, Roger Clavelin... Camille Reich, André Beaujon, Marcel, Jean-Pierre et Rosa Houel, Albert Freine, Gaston et Jacques Thomas, Roger Gérard, Roger Laxenaire, Pierre Creusot, Georges Marcot, Achille Gasmann... Maurice Faure, Eugène Martin "Tèque", Ginette Magni-Colin, Henri, Paule et Paul Blaise, Jeanne Wohlgemuth... Octavie Poirot, Paule Valentin, Marcel Sauce, Marthe Goeury-Maugenre, Frédéric Bardol, Danièle Bardol-Maugenre, Joseph et Armand Edelbloute, Gisèle Loewenguth... Gisèle Michel-Grab, Lucienne "Den" (Launay), Henry Duloisy, les Huin "Cocusse" et "Bôbô". Odile Marchal, Jules et Alphonse Clauvelin, Emile Gérard... Jean Vuillaume, Gilbert Pierrat, Robert Lalevée, Arlette Veyer-Vincent, Michel Vauthier, Sylvie Fondeur, Robert Laurain... Marcel, Aimé et Fifine "Noné" (Seyer), Len Owens, Nina Johnsen, Georges Evrard, Pierre Diéda,.. Yvonne et Armand et mes 3 familles des 2 versants des Vosges, Maurice Vincent, Henri Chenu, Madeleine Fays, Marcel André, Roger Colin... Georges Maire-Lantz, Jean Reibel, Robert Egly, André Lefèvre, Yvette Martin-Beck, Anne-Marie Richard, Marie-Rose "Rosette" Lalevée-Klein... Gaston Tisserand, Pierre Cérutti [24], Oscar Gérard [25] et à travers lui son ami René Darbois [26], Clovis Faure... parmi la foule de tous ceux qui m’ont appris depuis gamin ce que "ça a été" et m’ont répété de faire attention à ne pas me tromper de combat. Ils ont donné sa morale à ma vie : "Fuis les éloges, mais essaie de les mériter" (Fénelon)

Merci à ceux qui m’ont cru et "y ont cru", aux quelques-uns qui m’ont donné un coup de pouce dans la "concrétisation". Chacun à sa façon [27] : Jacques Defrance et Arsène Vauthier, Maryvonne et Georges Bau, Claude et Renée Lionnet, Michèle, Yvette et Jean-Louis les enfants du lieutenant Jean Granjon, la famille de Jules Py : ses enfants Bernard, Geneviève... ses petits-enfants Emmanuelle, Catherine... Danielle Meier, les Britanniques de SAS Regimental Association réunis autour du colonel Keith Edlin... Wesley R... ceux de Allied Special Forces-Memorial Grove Association réunis autour de Mike Colton, Richard Stimpson... ceux des familles des parachutistes de l’Opération Loyton : Len Owens et ses enfants Jane et Robert, son petit-fils Chris, Nina Johnsen et ses enfants Josephine, Hugo et James, les familles Hislop, Elliot, Whately-Smith... les cinéastes-documentaristes Gordon Stevens et Chris Lethbridge (Secret Hunters et Justice SAS style)... [28], Liliane Jérome [29], Oscar Gérard, Pierre Cérutti, Roger Leboube... Wesley R... Jean-Louis Lemaire, Maxence Lemaire et Eric Choffel, les initiateurs du "Centre de Mémoire de Moussey" [30], les cinéastes-documentaristes Robin Hunzinger et Christophe Lagrange (L’homme qui voulait savoir et Viombois, la bataille du hasard [31]. Une mention spéciale s’adresse à l’équipe du CERD Struthof [32]


Faits, parmi tant d’autres, qui m’ont beaucoup fait réfléchir sur la nature de l’homme :
- Sa passivité : ici l’accueil de la foule au maréchal Pétain à Nancy, Epinal, Dijon le 26 mai 44, c’était 11 jours avant le Débarquement de Normandie ! Cliquer
- Sa capacité à rester debout : ici ces paroles de Stefan Hessel. Cliquer
- ...
- La "Lettre de Simone Weil à Georges Bernanos". Cliquer

Post-Scriptum :

Pour le dire en 2 mots :
- Général Eisenhower aux soldats américains le jour de leur découverte du camp d’Ohrdruf [33] : "... Maintenant messieurs, vous voyez pourquoi vous vous battez"
- Denis Fondeur, chef de bataillon du maquis 1er RCV FFI [34] : "... Et si vous pensez que leur rôle (celui des hommes du maquis du Rabodeau) n’a pas été très considérable, ne le leur dites pas. D’abord parce que vous n’en savez rien. Et puis parce que la Patrie ne demande pas de réussir toujours mais au moins d’essayer, et combien n’ont même pas essayé !"
- Albert Einstein : "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire"

Notes :

[1] Le Vosgien d’ici. Le poids de la Géographie et de l’Histoire :
- Portrait dans cette rubrique du site. Cliquer
- Portrait de "l’homme de frontière" par Louise Weiss : "En somme, philosophait ma mère, nos ascendants étaient des hommes de frontière, accoutumés à résister aux invasions. Ils attachaient du prix à vivre librement, à discuter à leur guise de leurs affaires, à exprimer leurs opinions. On ne pouvait les contraindre à rien"
- Liberté-Egalité-Fraternité. La devise de notre République martelée par l’instituteur libre-penseur, prêchée du haut de la chaire par le curé, sacralisée par le maire et répétée par l’ancien combattant de 14-18 devant le monument aux morts, n’était pas ici un "effet de manche". Les duretés du quotidien à tenir debout et les réalités de l’Histoire l’avaient hissée ici au rang de règle de vie

[2] De même s’étaient comportés "ceux de 14", combattants et familles. Ils étaient construits comme ça ici. Ils savaient que les mots ne suffisent pas pour dire... ni les discours pour faire

[3] L’absence de données et le désintérêt accumulé avaient fait de cette histoire un désert, n’en restaient que ses secrets, des ragots, quelques "cafés du commerce". C’était un devoir de lui redonner sa place dans l’histoire des hommes et l’Histoire tout court, dans sa singularité comme dans son exemplarité, de la débarrasser des ravages de l’ignorance et du charlatanisme

[4] Loyauté : le comportement exemplaire des habitants de Moussey, base opérationnelle des SAS aux temps les plus cruciaux de l’Opération Loyton, est le sujet du volet 4, In times of stress, du livre de Christopher Sykes Four Studies in Loyalty. Voir à ce propos l’article Loyauté dans rubrique Notes/Notes. Cliquer

[5] Résister ou non est une bataille avec sa conscience, et celle-ci fut déchirée par son contexte de guerre "franco-française", idéologique et de pouvoir. Quelques éclairages sur ses réalités, nécessaire remue-méninges :
- André Siegfried : Le Vichy de Pétain, le Vichy de Laval. Cliquer
- Paul Racine-Arnaud Benedetti : J’ai servi Pétain : Le dernier témoin. Cliquer
- Alain-Gérard Slama : Vichy était-il fasciste ?. Cliquer
- Henry Rousso : Vichy, le grand fossé. Cliquer
- ...

[6] Illustration du propos ici dans la vallée du Rabodeau, la vallée aux 1.000 déportés, dite aussi "la vallée des veuves", "... des orphelins", que le général de Gaulle nommera "La Vallée des Larmes" : 943 citoyens des villages déportés dont 661 ne rentreront pas (1 020 et 720, "clandestins" compris), 25 fusillés, capture de 40 parachutistes britanniques de l’Opération Loyton (39 seront exécutés)... les familles en ruines : 400 veuves, 750 orphelins... Parce qu’on n’a pas su ni voulu voir clair au lendemain de 14-18, parce ce qu’on n’a pas su ni voulu faire ensuite. Hitler et le Nazisme n’ont pas été une fatalité !

[7] Pour comprendre ce à quoi mène le mépris de l’homme, et comprendre ceux qui ont combattu le Nazisme :
- Vidéo reportage de la libération des camps. Cliquer
- La "boucherie" de la nuit du 1er au 2 septembre 44 au camp du Struthof : 141 exécutions. Ecouter des témoins : site Radio France Bleu Alsace/Olivier Vogel. Nota : ce reportage n’est maintenant plus en ligne, mais disponible sur DVD. En voici le "contexte" en résumé. Cliquer
- Témoignages et réflexions de ceux qui "y étaient" : documents PDF ci-dessous par exemple

Moyen Orient, Israël-Palestine, Afrique noire, Maghreb... dictatures habillées en démocraties et idéologies dévoyées d’aujourd’hui, montrent qu’on n’a toujours pas bien étudié son Histoire, accepté ce qu’elle nous apprend des ressorts des hommes, ni mis ou voulu mettre en pratique ses leçons. Ce propos de Stéphane et Christiane Hessel en guise de remue-méninges. Cliquer

[8] Ce site est un site personnel, celui d’un gamin de Moussey, enfant d’une famille de résistants, fils, petit-fils et neveu de non rentrés de déportation. Une famille par ailleurs particulièrement impliquée avant, pendant et après dans la vie sociale locale. Passeports sans lesquels il était illusoire ici d’espérer "ouvrir la boite"

Il repose d’abord sur les innombrables moments informels partagés au fil du temps avec "ceux qui y étaient". C’est d’abord de la transmission d’une mémoire "de première main" qu’il s’agit ici, du vécu dit par ceux qui l’ont vécu, pas lu ou entendu dire. Un travail de passeur d’Histoire (de "nettoyage" des faits et de remise à leur place de ceux qui les ont faits, aussi !). Ce site n’est ni une encyclopédie ni une thèse, pas à proprement parler un livre d’histoire mais un carnet de notes et réflexions. Il est d’abord "une fenêtre ouverte", qui ne fut pas du tout simple à décoincer. La rigueur des recoupements, vérifications, confrontations des dires et documents d’archives (de France, Allemagne, Angleterre, Etats-Unis... ), le compliqué "nettoyage" des croyances, ragots et écrits circulant jusque là... lui ont donné sa solidité. On pourrait simplement l’appeler "Traces de vies". Qu’en serait-il aujourd’hui sans ce site ? ...

Il a été fait avec foi, au nom de tous ceux qui du fond du coeur auraient voulu mais n’ont pas pu le faire. Un engagement moral, pour qu’on sache de quoi ont été capables des gens "ordinaires" pour rester debout. Une nécessité, pour rappeler à ceux qui ont oublié, dire à ceux qui ne savent pas, ce qu’ont vécu et fait les habitants de la vallée du Rabodeau, nos parents, dans les griffes du Nazisme : la souffrance de vivre tête baissée, la lutte contre soi-même pour résister aux sirènes, la force de se relever de l’écrasement, ce qu’il leur en a coûté de faire et le poids des plaies jamais refermées. Pour que "les vieux" qui ont vécu ça ne soient pas les derniers à ôter leur béret devant les monuments aux morts... Pour qu’on se pose la question "qu’est-ce qu’on a fait (et pas fait... ) pour en arriver là ?"... et fasse mieux que se donner bonne conscience en ânonnant "plus jamais ça". Pour que cette "expérience" serve et qu’on fasse bien attention dans notre tous les jours de ne pas se tromper de combat, une invitation expresse à construire notre avenir "autrement" ! Si l’on résume ce long discours : pour qu’on sache et en prenne de la graine. Pas si simple certes, mais à coup sûr est vaincu celui qui n’a jamais commencé. Voir ce qu’en disent quelques uns de ceux qui savent de quoi il parlent dans documents PDF de bas de page, illustrations parmi d’autres

Certains appellent cela "Devoir de Mémoire", un mot ronflant et bien "obéissant" (essai de définition par Olivier Lalieu/CAIRN.Info. Cliquer ). C’est d’abord ici la nécessité de remettre à leur place des faits et les hommes qui les ont faits. C’est transmettre une culture, en tirer un vade-mecum. C’est dire une révolte devant un constat d’échec : tant de réalités d’après, toujours d’aujourd’hui, ne sont que copies de celles de ce temps là habillées autrement ou installées un peu plus loin, la liste des raisons, et d’abord des "bonnes raisons", en est longue...

Les faits et leurs témoignages révélant ou rappelant ce bout de notre "histoire d’ici" ne sont qu’un bout d’illustration de ce que cause en toute logique une idéologie, de la capacité de propagande de ses promoteurs à la faire accepter comme mode de vie, des "faiblesses de la nature humaine" devant les chants de sirènes... Réfléchissons donc pour les combattre à ce vers quoi conduisent à terme la cécité, le cynisme du "laisser faire", le confort de l’engourdissement, l’acceptation de la "pensée unique"... la démission tout simplement, qui se nomme aussi lâcheté ! ("Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire" (Albert Einstein)

Commençons par ne pas "commercer" avec notre capacité d’indignation... puis "retroussons les manches". Voir ce "rappel à l’ordre" de Stéphane Hessel en guise de remue-méninges. Cliquer

[9] "There is a heroism beyond all, for which no Victoria Cross is given, because there is no official ennemy nor any sort of firing except one volley in the early morning at some spot where the noise does not echo into the newspapers" (Rudyard Kipling)

[10] Carte Michelin situant la vallée du Rabodeau. Cliquer

[11] "Les Allemands étaient chez moi, on m’a dit résigne toi. Mais je n’ai pas pu, et j’ai repris mon arme... ". Ces 2 premières phrases de la Complainte du Partisan écrites par cet autre résistant qu’était Emmanuel d’Astier de la Vigerie résument plutôt bien ce qui animait l’esprit, et a produit l’histoire, de ces "résistants ordinaires" d’ici. Ecouter cette complainte écrite à Londres en 1943 et mise en musique par Anna Marly :
- Anna Marly. Cliquer
- Léonard Cohen. Cliquer
- Marcel Mouloudji. Cliquer

[12] Orphelin de déporté, c’est compliqué et parfois lourd à porter : pourquoi "ça", et qui était-il au fond celui qui n’est pas revenu et qu’on n’a pas connu ? Un livre à lire pour peut-être mieux comprendre, soi-même et ceux qui ne savent pas ce que c’est : Ce n’est qu’un nom sur une liste, mais c’est mon cimetière (Yoram Mouchenik). Présentation dans document PDF de bas de page

[13] A méditer autour de ces 2 phrases de Roger Leboube, Résistant et déporté de Senones, sorties d’un coeur toujours saignant des décennies après : "Nous étions de pauvres mecs, des petits Vosgiens de rien du tout. Notre histoire n’a intéressé personne... alors on l’a fermée"... et "Au moment de mourir, je voudrais bien croire que le livre d’histoire des p’tites gens de la vallée ne disparaîtra pas avec nous... et qu’on en parlera dans les écoles"

[14] Pour bien comprendre l’histoire d’ici ayons toujours présent à l’esprit la place occupée par cette soeur jumelle qu’est la vallée de la Bruche. Morceau Est d’une même plateforme de passage et d’échanges depuis la nuit des temps entre l’Alsace et la France "de l’intérieur". Territoire du département des Vosges jusqu’à la guerre de 70. Même patois latin, liens familiaux et tout simplement humains, similarité économique et culturelle entre les 2 versants des Vosges à cet endroit. Une "famille", que n’a jamais réussi à briser le "rideau de fer" planté en son plein milieu par le traité de Francfort de 1871

[15] N’oublions pas les obscurs de partout ailleurs qui aussi et d’eux-mêmes ont fait ce qu’il fallait faire au moment où il fallait le faire, sans se poser de stériles questions, ni attendre d’ordres "d’en haut". Ce souffle profond d’une poignée de citoyens ordinaires qui seul a permis de redonner sa place et son honneur à notre pays. Souvenons nous aussi à cette occasion du comportement exemplaire des Passeurs et Résistants de la vallée de la Bruche, cette "autre moitié" d’ici, et de ceux des vallées de la Plaine, de la Vezouze, du Hure, de la Fave...

[16] Le peu d’histoire d’ici écrite jusque là, principalement par quelques se disant "grands chefs", par des insignifiants de pendant, des résistants "d’après"... est un "bricolage" pour une litanie de raisons : soif de gloire personnelle et de ses avantages pour certains, camouflage de l’inavouable pour d’autres... (n’est-ce pas tout cela qu’on nomme imposture ?). L’orchestration plus tard par de faux historiens et "pisseurs de papier" a durablement fait d’élucubrations et détournements un synonyme d’Histoire. Ceux qui avaient fait quelque chose n’en ont pas parlé. C’est bien dommage, mais ils étaient élevés comme ça ici, à faire en silence... et les 3/4 n’en sont pas rentrés vivants !

Il y a en effet l’histoire racontée et "commercialisée" par trop d’autres qu’eux :
- Faux résistants et résistants "d’après"
- Profiteurs de pendant
- Absents, aveugles ou sourds de pendant... repeints après en témoins de référence
- Insignifiants autoproclamés chefs, ou héros
- "Maquignons" de la Mémoire...

Affabulations et rodomontades, ragots, inventions, révisions... des uns et des autres ont brouillé, falsifié, écarté ou sali de vrais héros pour installer des faux. La vague souterraine de "propagande" menée par le GMA Vosges aussitôt après guerre et sans aucun frein à partir du décès de Roger Gérard, orchestrée "d’en haut", reste la première illustration d’ici de ce que fut cette manipulation de l’Histoire et de ce qu’on nomme Révisionnisme. Par l’étendue de "l’enfumage" et des "couvertures tirées à soi" : interprétations et défausses, chape de plomb sur l’inavouable, inventions et réécritures de faits, jusqu’à la récupération dans le jardin des "concurrents" voisins des effectifs, des faits d’armes, et même des morts !... paranoïa de ceux qui n’ont pas réussi à réussir. Par la perpétuation qu’entretiennent ses gardiens du temple. Par les conséquences toujours présentes d’une réalité falsifiée... La vérité est l’autre grande victime de la guerre

Le dire aujourd’hui, c’est tard, a toutefois le mérite de démasquer le peu d’honneur de leurs auteurs et de "décacher" la vérité. Donne de quoi réfléchir sur les ressorts de l’engagement comme sur les travers de la nature humaine. Dit la dignité dont sont capables de "petites gens". Rend, il est temps, à César ce qui lui revient, et pour commencer leur place et leur valeur d’exemple à ceux qui se sont battus pour vivre (et que nous vivions) libres. C’est la première raison de ce site. Voir en guise de complément l’article "Les bavures et les profiteurs d’après", dans rubrique Notes/Notes/

Et il y a aussi "L’homme qui voulait savoir", film documentaire réalisé par Robin Hunzinger :
- Bande annonce. Cliquer
- Plus de détails. Cliquer

[17] La place de l’Opération Loyton dans l’histoire d’ici, dans rubrique dédiée. Cliquer

[18] A méditer à cette occasion autour du communiqué du 14 janvier 2016 du général Bresse, président de la Fondation de la France Libre. Tir de barrage contre la tentative de rapt de propriété intellectuelle-détournement de sens menée par un parti politique, sa dernière phrase est un cinglant rappel à la vertu. Extraits :

"... En effet, les hommes et les femmes qui rallièrent le général de Gaulle... appartenaient aux nationalités les plus diverses, venaient de tous les horizons politiques et spirituels... Leur engagement ... avait pour but de libérer la France... C’est donc avec fierté que ceux qui n’avaient jamais déposé les armes prirent le nom de « Français Libres »... Leur combat... ne peut être assimilé à la lutte politique d’un parti pour la conquête du pouvoir... Celui qui prétendrait se prévaloir d’un combat qui ne fut pas le sien s’expose à l’opprobre, au mépris et, ce qui est peut-être pire encore, au ridicule". (Texte intégral. Cliquer )

[19] N’oublions pas que L’Histoire est une biographie des hommes, révélatrice donc de leur "mécanique" de fonctionnement. Sans connaître celle-ci, comment en comprendre les actes et prétendre débarrasser le futur de ses défauts. Rappelons nous ce raccourci de Marc Bloch : "L’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent, elle compromet dans le présent l’action même", celui de Georges Orwell dans 1984 : "Ceux qui contrôlent le présent contrôlent le passé, ceux qui contrôlent le passé contrôlent l’avenir", celui de Walter Benjamin : "Quiconque domine est toujours héritier de tous les vainqueurs […]. Tous ceux qui jusqu’ici ont remporté la victoire participent à ce cortège triomphal où les maîtres d’aujourd’hui marchent sur les corps des vaincus d’aujourd’hui. À ce cortège triomphal, comme ce fut toujours l’usage, appartient aussi le butin. Ce qu’on définit comme biens culturels […]. Il n’est aucun document de culture qui ne soit aussi document de barbarie. Et la même barbarie qui les affecte, affecte aussi bien le processus de leur transmission de main en main"
- Marc Bloch. Cliquer
- Georges Orwell. Cliquer
- Walter Benjamin. Cliquer

[20] Pour mieux comprendre ce que veut dire ce site et ce que fut cette Résistance de citoyens ordinaires, lire par exemple Les cerfs volants de Roman Kacew (c’est le vrai nom de Romain Gary, pour en savoir plus sur l’homme : Wikipedia. Cliquer) . La lecture du Geneviève de Gaulle... de Frédérique Neau-Dufour (Google Books. Cliquer ), de Pour l’honneur de Joseph Kessel... ne sont pas non plus une lecture inutile, ni celle de La Peur des barbares de Tzvetan Todorov (peut-être est-il bon de commencer par celle ci)

[21] Page Facebook accessoire. Cliquer

[22] Liberté, Paul Eluard. Cliquer

[23] 2 phrases de Roger Leboube résument le propos : « On étaient de pauvres mecs, des petits Vosgiens de rien du tout. Notre histoire n’a intéressé personne... alors "on l’a fermée" ». « Au moment de mourir, je voudrais bien croire que le livre d’histoire des p’tites gens de la vallée ne disparaîtra pas avec nous... et qu’on en parlera dans les écoles »

[24] Pierre Cérutti, portrait de l’homme. Cliquer

[25] Oscar Gérard, portrait de l’homme. Cliquer

[26] René Darbois, droiture et loyauté. Le Malgré-Nous mosellan "Pilote de la Liberté" :
- Court portrait de l’homme dans Aérostories 1/ Cliquer 2/ Cliquer

[27] Un merci tout particulier à ma femme pour avoir supporté de partager avec la dévorante "maîtresse" que fut et que reste cette folle entreprise, à mes enfants et ma famille d’avoir supporté mes négligences à leur égard, à eux tous de continuer à croire

[28] Le "Pont sur la Manche" de 1944 est toujours, aussi solidement, debout. Cliquer

[29] Salut à Liliane Jérôme pour son courage et sa détermination sans faille, sans lesquels bien des réalités seraient restées inexpliquées, restées camouflées ou détournées

[30] L’incroyable saga du Centre de Mémoire de Moussey. Quelques extraits :
- Cliquer
- Cliquer
- Cliquer
- Cliquer
- ...

[31] Merci à Hubert Bannwarth, grâce aux compétences et à l’abnégation duquel cette machine électronique tourne rond

[32] Une mention toute particulière s’adresse en effet ici à Frédérique Neau-Dufour, René Chevrolet, Michaël Verry, Sandrine Garcia et tous les autres de l’ombre de l’équipe d’alors du CERD Struthof. Ma profonde reconnaissance pour leur soutien moral et leur engagement total

[33] Libération du camp d’Ohrdruf. Reportage filmé du 4 avril 1945. Cliquer

[34] Denis Fondeur, garde général des Eaux et Forêts du canton de Senones, chef de bataillon de la haute vallée du Rabodeau au 1er RCV FFI. Extrait de l’introduction de son Journal d’un traqué, val de Senones décembre 1944. Cliquer

 

Galerie d'images

Si, c'est un homme Commune de Moussey. La Croix de Guerre pour faits de Résistance Carte des camps Commune de Moussey Héroïsme de l'ombre Moussey. Le prix payé En hommage aux habitants de Moussey Senones La Petite Raon Angleterre. National Memorial Arboretum Angleterre. National Memorial Arboretum
 

Documents joints à l'article

Liberté
PDF | 31.9 ko | document publié le 6 décembre 2007
Paul Eluard
Histoire de la Grenouille
PDF | 56.5 ko | document publié le 19 janvier 2008
Olivier Clerc
Je n’ai rien dit...
PDF | 35.9 ko | document publié le 12 octobre 2008
Pasteur Martin Niemöller
Ce n’est qu’un nom sur une liste, mais c’est mon cimetière
PDF | 58.6 ko | document publié le 19 avril 2009
Yoram Mouchenik
Vallée du Rabodeau
PDF | 927.5 ko | document publié le 5 décembre 2010
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PDF | 19.5 ko | document publié le 27 octobre 2011
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Christopher Sykes
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L’exemplarité des habitants de Moussey
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PDF | 2.5 Mo | document publié le 3 décembre 2012
Avant propos de Marcel Dolmaire dans son livre "Avoir 20 ans dans les camps nazis"
Arthur Rimbaud
PDF | 42.3 ko | document publié le 12 novembre 2013
Le dormeur du val
Les Abeilles
PDF | 19.3 ko | document publié le 28 décembre 2013
Jean Paulhan
Moussey 14 juillet 1943
PDF | 206.3 ko | document publié le 1er février 2014
C’était aussi ça, la Résistance d’ici
L’Appel du 18 juin
PDF | 35.4 ko | document publié le 18 juin 2014
Une portée universelle
Histoire et Devoir de Mémoire
PDF | 94.1 ko | document publié le 30 octobre 2014
Un propos de Jean-Michel Adenot
Histoire et Devoir de Mémoire
PDF | 365 ko | document publié le 12 novembre 2014
Dérives et Devoirs
A méditer
PDF | 34 ko | document publié le 19 février 2015
Lettres d’après
PDF | 47.2 ko | document publié le 27 février 2017
A la recherche de celui qui n’est pas rentré

Rubriques du site

1.Introduction
Infos pratiques
Le Maquis que l’Histoire avait oublié
Pourquoi ce site
2.Orphelins de Déportés
3.Histoire d’ici
1 - Le Vosgien d’ici en 1940
2 - Le contexte général
3 - Ce qui s’est passé ici
- 1940
- 1941-1943 et suites
- 1944
Les 2ème et 3ème - les 2 "grandes" - déportations de 44
4 - Bilan humain. La vallée aux 1000 déportés
5 - Les SAS ici
- L’Opération Loyton
- La Mémoire
- Le prix payé
- Témoignages des hommes
6 - In memoriam
- Commémoration des 3 Déportations de 44
- Hommage à la Résistance d’ici, gens du Rabodeau et parachutistes Anglais
- Lieux de Massacres et d’Exécutions sommaires
- Moussey Le Mont 6 juin 2010. Le 13ème Dragons saute sur "Anatomie"
7 - Notes
- Notes
- Voir aussi
- Chants et Poèmes de la Résistance
- Découvrir la vallée du Rabodeau
8 - Brochure-Résumé
9 - Explications. Réflexions
4.Liens
5.Témoignages
La vérité remise à sa place. 13 publications significatives
Le film documentaire "Nazis Hunters. Justice SAS Style"
Les Résistances. Témoignages filmés
Les Résistances. La Désobéissance est le plus sage des Devoirs
Témoignages. Faits et hommes d’ici
Témoignages. Faits et hommes dans les camps
6.Ecrits de rescapés
1 - Marius Schmit
2 - Roger Leboube. Collectif de 8 rescapés
3 - Marcel André
4 - Aimé Vigneron
5 - Marcel Dolmaire alias Marcel Dejean
6 - Jean Vinot
7 - Abbé Paul Parguel. Prêtre résistant déporté
8 - MD. Réflexions sur ce qu’auraient pu être...
9 - Albert Fäh. L’odyssée des maquisards de Grandrupt
BP - Docteur Bernard Py
LR - Louis Receveur. Déporté à Dachau
7.Le dernier mot
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