Le camp de Schirmeck-La Broque [1], Schirmeck Vorbrück pour les Allemands, fut un autre Drancy, Compiègne... Mais il fut d’abord un Sicherungslager (camp de Sécurité)
Sa principale activité, et première vocation, fut d’être un Erziehungslager (camp de "Rééducation") pour les Alsaciens-Mosellans réfractaires aux "bienfaits" de la germanisation de leur territoire [2]. Près de 15 000 hommes et femmes ont souffert ici, soumis à un encadrement composé de nombre d’auxiliaires... locaux
Situé dans un endroit particulièrement bien adapté à sa fonction. La vallée de la Bruche est en effet :
– Au coeur de l’Alsace Moselle réannexée [3]
– Un important noeud de communications Nord-Sud : Wissembourg-Belfort et Est-Ouest : Allemagne-Strasbourg et centre Alsace-France "de l’intérieur" par les cols du Donon, du Hantz, de Saales et la voie ferrée Strasbourg-Saint Dié
– Bien protégée dans sa partie supérieure dans l’environnement complexe du massif du Donon versant Est
A deux pas de là sera peu de temps plus tard installé le camp de concentration du Struthof
Mis en service dès août 40. Evacué à Gaggenau-Rotenfels en novembre 44 [4] Dirigé par Karl Buck [5]
N’oublions donc pas ces milliers "d’hommes libres" alsaciens et mosellans, ces centaines de "terroristen" vosgiens des vallées du Donon versant Ouest [6] et centaines d’autres venant de toute la France et de tous les pays occupés qui furent acheminés là [7]
– Pour être "rééduqués"...
– Pour être mis "hors circuit"...
– Pour être "employés" sur place, dans les environs, dans ses satellites de Gaggenau, Haslach... selon la peine infligée, la répartition des effectifs sur les "chantiers", l’humeur des gardiens, le hasard. Certains ont été "discrètement" exécutés dans ses recoins, dans les forêts environnantes, "confiés" au Struthof voisin de palier
– Pour être "triés" avant d’être expédiés vers ses satellites et les camps de concentration...
Les traces matérielles de ce camp, installé "au milieu du village" comme l’est l’église, ont été soigneusement effacées dès les lendemains de la Libération, et son "curriculum vitae" reste encore aujourd’hui un tabou. En témoigne parmi d’autres interrogations cette vidéo de France 3. Cliquer. Mais plutôt que juger sans connaître apprenons notre Histoire [8]