Le plan de répression du "Terrorisme" et les moyens de "Chasse à l’homme" contre les parachutistes britanniques de l’Opération Loyton et le Maquis d’ici, mis en oeuvre ici d’août à novembre 44
L’opération "Wald Fest" (ou Waldfest, fête de la forêt), en Allemand "Aktion Wald Fest", est l’’opération de concrétisation d’un "Schutzwall West" (mur de protection Ouest) le long du massif des Vosges [1]. Son cadre général est résumé dans La libération de l’Alsace, septembre 1944 - mars 1945 d’Eugène Riedweg. Cliquer
Elle fut consécutivement donc contre-offensive allemande de l’opération Loyton. C’est ce volet "éradication des forces de Résistance", les moyens mis en place pour ce faire dans nos vallées, la répression et les pertes civiles qui en découlent, qui nous occupe ici, pas le volet "réalisation technique" [2]. Elle va durer un peu plus de 3 mois, du 17 août (coup de filet du Jardin David/Lac de la Maix ou "affaire du 18 août", en fait déjà en cogitation dès le 11) au 22 novembre (libération de la vallée par la 100ème division d’infanterie américaine) [3]
Si Wald Fest fut un échec sur le plan militaire, elle reste un modèle d’opération d’éradication du terrorisme par son organisation comme par son indiscutable réussite : la Résistance d’ici saignée à blanc. En témoignent parmi ses plus spectaculaires effets :
– La dissolution du GMA Vosges (8/9 septembre), consécutive des exécutions et déportations de "l’affaire du 18 août" puis de "l’affaire de Viombois" (4 septembre) et de leurs suites
– La mise à genoux du 1er RCV FFI, consécutive des 2 gigantesques déportations de masse du 24 septembre puis des 5 et 6 octobre [4]
– L’abandon de l’opération Loyton
– La destruction (il a fallu des mois) de l’organisation de résistance des Eaux et et Forêts...
Voulue et personnellement supervisée par Himmler, d’autant que le décret d’Hitler du 2 septembre lui donne les quasi pleins pouvoirs opérationnels dans la région [5] et son RSHA, elle fut une chasse à l’homme systématique et planifiée. Faisant suite au décret de Hitler du 2 septembre sur le maintien et donc la protection, à tous prix, du front Ouest : le flanc Ouest du massif des Vosges en l’occurrence
Cette chasse à l’homme est d’abord menée par le BDS Alsace-Bade de Erich Isselhorst puis conjointement avec le BDS France [6]... Et des détachements de la Wehrmacht sont affectés sur ordre d’Himmler pour servir d’auxiliaires, placés ici sous la coupe du commandement d’Epinal assuré par le général von Kirchbach [7]
3 mois d’impitoyable inquisition à l’actif des Einsatz Kommandos. Une traque policière sans répit et sa cohorte d’exactions. Un lourd bilan dont les 3 vagues de rafles puis déportations ne sont que la face la plus connue. S’y ajoutent en effet infiltration des réseaux, arrestations et tortures, dénonciations, exécutions sommaires et massacres, fermes brûlées et villages incendiés... et l’acharnement à traquer et liquider les parachutistes Anglais... l’épouvante au quotidien. Les victimes directes de l’opération Wald Fest :
Les maquisards et populations civiles :
La presque totalité des déportés de la vallée du Rabodeau : 943 pris (1020, "clandestins" compris), 661 non rentrés (720, "clandestins" compris). Voir ci après, au travers des listes d’arrivées au camp de Schirmeck, les traces du passage des déportés pris pendant l’opération Wald Fest. Bien que pas tout à fait complètes et comportant quelques erreurs, ces listes restent une utile indication (site de la FMD) :
– Les arrivées d’août (correspondant aux arrestations et à la déportation centrés sur le 18 août). Cliquer
– Les arrivées de septembre (correspondant aux arrestations et à la centrés sur le 24 septembre). Cliquer
– Les arrivées d’octobre (correspondant aux arrestations et à la déportation centrés sur les 5 et 6 octobre). Cliquer
S’y ajoute la presque totalité des fusillés et massacrés d’ici (Le Harcholet, Moussey ferme Ferry, Senones/La Poterosse, Saint-Prayel Ravines... )
Nota : si c’est la population de la haute vallée du Rabodeau [8] qui a subi et pour cause les plus gros dégâts de cette chasse à l’homme ciblée, n’oublions toutefois pas les voisins de palier des vallées de la Plaine, de la Vezouze, de la région Raon l’Etape, Etival, Saint Rémy, Haut Jacques... qui comptent plus de 300 autres victimes (les tués à la bataille de Viombois et les dizaines d’exécutions ou déportations qui en découlent dans l’immédiat, les déportés dont les raflés de Pexonne (Kdo Erich Wenger) [9], de Badonviller (Kdo Hermann Stein) [10], de Rehaincourt [11], les fusillés dont ceux d’Allarmont... la mise à mort de l’organisation de Résistance des Eaux et Forêts... ), ni les voisins d’un peu plus loin comme par exemple Charmes...
Les parachutistes anglais de l’Opération Loyton :
– 40 hommes, officiers, sous officiers et hommes du rang capturés, 39 exécutés. Détails dans article Les SAS ici/Le prix payé. Cliquer
Sources principales :
– Témoignages directs de "ceux qui y étaient"
– Documents de sources diverses cités au fil du texte
– Le rapport "Missing Parachutists" [12]
– Les suites du procès de la cour militaire britannique de Wuppertal (juillet 1946). Cliquer
– Le procès du Gauleiter Robert Wagner. Cliquer
Autres données :
– Celles des documents PDF de bas de page
– Consulter les articles liés : 1/ La chasse à l’homme. Les Einsatz Kommandos. Cliquer 2/ La réaction allemande. Cliquer...
Sans oublier les apports des "journaux de bord" personnels des parachutistes britanniques, particulièrement utiles à la compréhension du contexte, à la précision des faits et au "nettoyage" des légendes. Ni les synthèses et compléments qui figurent dans "The SAS and LRDG Roll of Honour". Cliquer. Ces "journaux de bord" ne sont pas et n’ont pas à être, pour l’instant, publiés ici