L’approvisionnement des armes et équipements, les effectifs SAS, les cadres FFI envoyés de Londres par le général Koenig... en bref tout ce qui est nécessaire à monter l’Opération Loyton et à conforter le maquis d’ici s’effectue par la voie des airs [1]
8 parachutages principaux et centrés sur ici [2] s’échelonneront du 13 août au 28 septembre 44, dont 6 centrés sur Moussey : 2 à la Côte du Mont, 3 dans Moussey même, 1 à Vieux Moulin. Tous ont lieu de nuit
Nuit du 12/13 août. Sur un plateau dégagé de la commune de Le Mont (lieu dit la Prelle, nom de code "Anatomie") :
Parachutage du groupe de reconnaissance et de mise en place de l’opération (15 hommes) commandé par le captain Druce (2ème SAS) [3]
– 7 hommes du 2ème SAS, dont le captain Druce, le captain Goodfellow (un français, de son vrai nom de Lesseps) et le Lieutenant Dill
– Un groupe de reconnaissance et transmissions du F Phantom de 5 hommes commandé par le captain Hislop
– Un Jedburgh du SOE [4], le "Jed Jacob", commandé par le captain Gough accompagné du sergeant radio Seymour et du capitaine "Baraud" (un français, Maurice Boissarie)
– Des containers d’armes, équipements, munitions [5]
Environ 150 hommes de la haute vallée du Rabodeau et de la vallée de la Plaine sont là. Pour accueillir, récupérer, déballer et trier, effacer les traces [6]... puis guider et transporter jusqu’aux Bois Sauvages/Jardin David (en haut de la crête opposée, en retraversant le haut de la vallée par les Chavons)
– Les "Anglais", comme on les appellera familièrement ici, sont accompagnés pour partie vers la 2ème centurie du GMA (Lt "Félix") à la Fontaine des Colas Lorrains, les autres vers des caches de Moussey et Le Harcholet, préparées "chez l’habitant", et dans les bois de la Basse de Lieumont)
– Le capitaine « Baraud » est accompagné jusqu’à l’état-major du GMA
– Les armes et munitions sont transportées à dos d’hommes jusqu’au Jardin David
Nuit du 31 août/1er septembre et nuit du 6/7 septembre. Environs de Veney, respectivement terrains "La Pédale" (plus précisément lieudit L’Etoc) et "Le Pré Barbier" :
– Arrivée (nuit du 31 août/1er septembre) du colonel Franks (le "patron" du 2ème SAS) et du captain Sykes (officier de renseignement)
– Renforcement de l’état major : arrivée du captain Miller et du captain Whately Smith (nuit du 31 août/1er septembre), puis du major Reynolds (nuit du 6/7 septembre)
– Renforcement des effectifs : arrivée (les 2/3 nuit du 31 août/1er septembre, le reste nuit du 6/7 septembre), d’environ 30 hommes supplémentaires : officiers, sous officiers et hommes du rang
– Renforcement de l’unité de transmission : arrivée (nuit du 31 août/1er septembre) d’une deuxième équipe de 3 hommes du F Phantom, commandée par le lieutenant Johnsen et techniquement encadrée par le sergeant Owens
– Arrivée (nuit du 31 août/1er septembre) du commandant FFI Derringer, qui vient prendre la direction opérationnelle du GMA Vosges
– Largage de containers d’armes, de munitions... [7]
6 septembre. De nouveau à Le Mont :
– Largage de containers d’armes et de munitions. Principalement destiné à l’équipement du Maquis (1er RCV FFI) [8]
Nuit du 14/15 septembre [9], nuit du 19/20, nuit du 21/22. Ces 3 parachutages ont lieu à Moussey même, presque en plein village, sur le plateau de la Charbonnière :
– Ils sont articulés sur le plan de progression des divisions américaines, à ce moment là à 30 km et prévues d’arriver ici sous quelques jours
– Ils apportent la suite des troupes du 2ème SAS (environ 30 hommes) et larguent une quantité impressionnante de matériel : des dizaines de containers d’armes et d’équipements, des vivres, ainsi que 6 jeeps spéciales équipées de mitrailleuses lourdes
– Les SAS sécurisent les opérations
– La participation des maquisards de Moussey et des villages environnants est massive
– Les matériels sont emportés à dos d’homme et avec les jeeps vers les caches de Lieumont, Croix de l’Ermite...
28 septembre. Territoire de Vieux Moulin, le Vieux Pommier
Dernier parachutage : réapprovisionnement, armement et argent destinés au Maquis (1er RCV FFI). Le manque de discrétion dont il sera l’objet est pour beaucoup dans la rafle et déportation des 5 et 6 octobre à Vieux Moulin et Senones. Celle ci signera la fin de l’Opération Loyton, et l’écrasement de l’organisation de Résistance d’ici
Ceci, au moment où les Allemands se rendent à l’évidence que le rempart naturel des Vosges est effectivement maintenant leur ultime atout d’empêcher les troupes alliées de plonger vers la plaine d’Alsace... et d’arriver ainsi au Rhin, tremplin de l’invasion de leur sol
Allemands qui stoppent en effet ici leur retraite à partir du 3 septembre, font demi tour et neutralisent comme jamais toute entrave à la mise en place d’un front. Comme jamais réquisitionnent productions et main-d’oeuvre, contrôlent, infiltrent, traquent, arrêtent, exécutent. Ils disposent ou mettent là de gros moyens, par exemple :
– Des unités sont acheminées ici pour consolider ou construire des fortifications [10]
– La Wehrmacht repasse les cols le 3 septembre suite au décret signé par Hitler le 2. Sont en marche des unités combattantes prélevées sur le front de l’Est, la division Das Reich arrive à à Saint Dié...
– ...
– Par ailleurs, une partie du SD de Lyon dont Barbie est repliée à Gérardmer [11], celui d’Orléans arrive à Vittel… celui d’Angers à Saint Dié... le général Karl Oberg, chef suprême de toutes les polices de sécurité France et le Lt colonel Suhr, son adjoint et chef du BDS France [12] viennent s’installer à Fraize Plainfaing... le docteur Isselhorst, chef du BDS Alsace-Bade, étend ses prérogatives et envoie ici ses propres "Einsatz Kommandos"...
Ce qui explique naturellement les 3 mois de "chasse à l’homme" de l’opération "Wald Fest", dont le plus spectaculaire résultat est les 3 grandes vagues de "rafles antiterroristes" et déportations dans la vallée du Rabodeau : plus de 1 000 déportés